358               MEMOIRES DE PIERRE DE LESTOILE.
ger des politiques et semonneus : autrement que Paris estoit perdu.
Le vendredi vingt-sixième de ce mois, Boucher pres-chant la Samaritaine dit que Ie puis mentionné audit évangile estoit la Sorbonhe ; et qu'on gardast bien de perdre ce puis.
Ge jour, le prieur de» Garnies qui preschoit à Saint­André dit que les filles de Geneve se pouvoient marier à dix-huit ans à qui bon leur sembloit, sans consente­ment de pere, mere, ne parens; et que pour toutes raisons elles n'estoient tenues d'alléguer autre chose qu£ ce beau texte : qu'il vaut mieux se marier que brusler. Et que -celles que les maris ne trouvoient pq-celles se pouvoient remarier à d'autres.
Le samedi vingt-septième dudit mois, le susdit pre­dicateur prescha dans Saint-André le premier presi­dent de Harlai ; dit qu'estant une ibis vis-à-vis de lui à l'œuvre dans l'eglise Saint-Berthelemi oit il preschoit, il avoit dit qu'il y avoit un grand nombre de hugue-nos dans Paris que la justice ne faisoit £as semblant de voir ne congnoistre ; et que leur connivence estoit cause qu'il y avoit tant d'heretiques. De quoi ledit de Harlai offensé, et de ce qu'il l'avoit ainsi presché à son nés, l'avoit envoié querir le lendemain, pour lui demander s'il congnoissoit quelques huguenos à Paris; que de lui, il n'en congnoissoit point; mais s'il en sçavoit, qu'il l'en devoit advertir, afin d'y donner ordre : et non pas prescher et déclamer de ceste façon en plaine chaire contre la justice. Auquel il avoit respondu qu'il n'avoit presché que la verité, ct ce que tout le monde disoit et sçavoit; et au surplus qu'il en congnois­soit beaucoup, desquels, s'il lui plaisoit, il dresserait
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